L’entrepreneuriat a longtemps été considéré comme la chasse gardée des hommes. La révolution du genre survenue, en Occident, à partir des années 60 a libéré les femmes mais n’a malheureusement pas entrainé de révolution entrepreneuriale féminine aussi forte qu’on pouvait en attendre. Pourtant, les choses sont en train de bouger. Charlott, Mille mercis, Particulier à Particulier ne sont que quelques exemples de cet entrepreneuriat féminin, désormais offensif et sans complexe. Le mot « entrepreneure » n’a jamais aussi bien porté son « e » malgré les obstacles qui subsistent encore.

Entreprendre au féminin : la confiance retrouvée

Dans un passé pas si lointain, une vie réussie au féminin était, dans l’inconscient collectif, une vie tranquille de femme au foyer soutenant son mari et s’occupant de ses enfants. Les temps ont changé : mai 68, le mouvement hippie, le MLF, bien des événements sont passés par là. Toujours est-il que la parité dans beaucoup de domaines reste une chimère dont on se rappelle tous les 8 mars à l’occasion de la journée internationale de la femme. Le cas de l’entrepreneuriat est flagrant : en France, seulement 30% des entreprises sont créées par des femmes. Même si c’est au-dessus de la moyenne européenne (28% d’entreprises créées par des femmes en Europe), cela reste très insuffisant surtout si l’on compare ces chiffres avec ceux des États-Unis où la proportion est de 48%.

Pour donner un coup de pouce à l’entrepreneuriat féminin, les initiatives ne manquent pas. Elles sont autant privées que publiques. L’implication des ministres Fleurs Pellerin (aider les femmes à s’impliquer dans le développement des nouvelles technologies) et Najat Vallaud-Belkacem avec ses projets pour l’égalité en offre un bel exemple. Des associations comme femmes chefs d’entreprises, Paris pionnières, femmes business angels, entrepreneure.fr et bien d’autres sont autant d’initiatives privées qui visent à apporter, formations, conseils et confiance aux femmes désireuses de créer leurs entreprises. Des études l’ont montré : le désir de création d’entreprise en France est partagé à parts égales entre hommes et femmes.

Cependant, on constate, depuis quelques années une présence plus affirmée et mieux assumée des femmes à la tête d’entreprises qu’elles ont, souvent elles-mêmes créées. Cette évolution est d’autant plus remarquable que les femmes n’hésitent plus maintenant à investir des secteurs où elles étaient absentes : NTIC, industrie, technologies de pointe, etc. Récemment, Corinne Jolly, qui a conduit la révolution numérique de Particulier à Particulier, a pris les rênes de ce pionnier des annonces entre particuliers. Un succès encore plus retentissant est celle de Catherine Barba, « pionnière du web » et serial entrepreneure (OMD, Malinea, CashStore.fr, CB Groupe etc.). Dans un autre domaine, plus incongru encore pour une femme, on peut citer Eva Escandon, fondatrice et dirigeante d’une chaudronnerie de 80 employés à Dunkerque.

Ce dynamisme de l’entrepreneuriat est-il le fruit de la récente prise de conscience ? Pas seulement. On note, surtout, une rupture générationnelle. La génération Y (les jeunes de moins de 35 ans), hommes comme femmes est en quête de sens. Elle ne veut pas subir le système, elle veut le réinventer. Elle montre une attitude décomplexée et une envie d’apporter des solutions aux problèmes d’un système à repenser.‎

Les obstacles subsistent encore.

Même si les femmes créent de plus en plus d’entreprises, on constate un taux d’échec, au bout de 3 ans d’existence de leurs entreprises, plus élevé que chez les hommes. Ceci, peut s’expliquer par un apport en capital moins élevé que pour les hommes (4000 € en moyenne en France) et par une réticence des organismes traditionnels de soutien financier. Pourtant, leur mesure naturelle face au risque et leur prudence constituent de sérieux atouts à faire valoir auprès des banques. Neamoins, les femmes sont actuellement plus présentes dans les petites PME et dans les TPE de service plutôt que dans les secteurs industriels et technologiques qui génèrent plus d’emploi mais nécessitent une mobilisation de capital plus importante.

En définitive, la bête noire des femmes en création d’entreprise est le manque de confiance en elles conduit par l’environnement.

C’est surtout le cas chez les femmes de plus 35 ans. En raison d’un manque de modèles dans leur entourage et certainement aussi à cause d’un déficit de médiatisation des succès féminins en entrepreneuriat, elles se sentent souvent comme des intruses en milieu masculin.

La force que cela confère aux femmes chef d’ entreprises c’ est cette attitude perfectionniste qui les conduit à rivaliser sans complexe en matière de succès entrepreneurial.