Estimation des dotations aux amortissements dans un prévisionnel

Lorsque vous préparez un prévisionnel financier pour votre entreprise, une étape cruciale consiste à estimer les dotations aux amortissements de vos investissements immobilisés. Ces charges non décaissables doivent être intégrées avec précision dans votre compte de résultat et votre bilan prévisionnels pour refléter fidèlement la réalité économique de votre activité. Nous allons vous guider à travers les différentes étapes de ce processus essentiel.

En bref

Pour estimer correctement les dotations aux amortissements prévisionnelles, vous devez :

  • Recenser tous vos investissements immobilisés
  • Séparer les immobilisations amortissables des non-amortissables
  • Déterminer la durée d’utilisation prévue pour chaque bien amortissable
  • Calculer la dotation annuelle pour chaque bien en fonction de sa valeur et de sa durée d’utilisation
  • Établir un plan d’amortissement complet sur la durée de vie des biens
  • Intégrer ces charges dans votre prévisionnel comptable

Recenser les investissements immobilisés

La première étape consiste à dresser la liste exhaustive de tous les investissements que vous prévoyez d’engager pour votre activité. Ces investissements, appelés immobilisations, se répartissent en trois grandes catégories :

  • Les immobilisations incorporelles : frais d’établissement, brevets, logiciels, fonds commercial, etc.
  • Les immobilisations corporelles : terrains, constructions, installations, matériels, outillages, etc.
  • Les immobilisations financières : titres de participation, créances, dépôts et cautionnements, etc.

Vous devez recenser avec précision tous ces investissements, en indiquant pour chacun sa nature, sa valeur d’acquisition prévisionnelle et sa date d’acquisition estimée. C’est sur cette base que vous pourrez ensuite déterminer les immobilisations amortissables.

Séparer les immobilisations amortissables

Certaines immobilisations ne sont pas amorties comptablement, car on considère qu’elles ne se déprécient pas dans le temps ou que leur valeur est difficilement estimable. Il s’agit principalement :

  • Des terrains
  • Des fonds de commerce
  • Des droits au bail
  • Des immobilisations financières (titres, créances, dépôts)

Vous devez donc séparer ces immobilisations non amortissables des autres immobilisations dites amortissables, qui verront leur valeur diminuer chaque année par le jeu des dotations aux amortissements. Faites une liste distincte de ces dernières, en mentionnant pour chacune sa valeur d’acquisition prévisionnelle.

Déterminer les durées d’utilisation

Pour chaque immobilisation amortissable, vous devez ensuite estimer sa durée d’utilisation prévisionnelle. C’est sur cette durée que sera étalée sa valeur d’acquisition au moyen des dotations aux amortissements annuelles. Les durées d’utilisation typiques sont les suivantes :

  • Matériels et outillages : 5 à 10 ans
  • Mobilier et agencements : 10 ans
  • Matériel informatique : 3 ans
  • Logiciels : 3 ans
  • Véhicules : 4 à 5 ans
  • Brevets : 5 ans
  • Constructions : 20 à 50 ans

Bien entendu, ces durées sont données à titre indicatif. Vous devez les ajuster en fonction de la nature exacte du bien, de son utilisation prévisionnelle et de votre expérience. N’hésitez pas à être prudent sur ces estimations, qui auront un impact direct sur vos charges prévisionnelles.

Calculer les dotations annuelles

Une fois que vous avez déterminé la valeur d’acquisition et la durée d’utilisation de chaque immobilisation amortissable, vous pouvez calculer la dotation aux amortissements annuelle correspondante. Celle-ci représente la quote-part de la valeur du bien qui sera constatée en charge chaque année.

Le mode de calcul le plus courant est l’amortissement linéaire, où la dotation annuelle est la même chaque année. On l’obtient en divisant la valeur d’acquisition HT par la durée d’utilisation :

Dotation annuelle = Valeur d’acquisition HT / Durée d’utilisation

Exemple : Pour un véhicule de 20 000 € HT avec une durée d’utilisation estimée à 5 ans, la dotation annuelle sera de 20 000 / 5 = 4 000 €.

Attention, pour l’année d’acquisition et éventuellement l’année de fin d’utilisation, il faudra calculer une dotation proratisée sur la période réelle d’utilisation, et non sur l’année complète.

Établir un plan d’amortissement

Pour chaque immobilisation amortissable, nous vous conseillons d’établir un plan d’amortissement détaillé sur toute sa durée de vie prévisionnelle. Vous pourrez ainsi suivre année après année l’évolution de sa valeur nette comptable (VNC), obtenue en déduisant de sa valeur d’origine le cumul des amortissements déjà constatés.

Voici à quoi pourrait ressembler un tel plan pour notre exemple du véhicule de 20 000 € amorti linéairement sur 5 ans :

AnnéeValeur d’origineDotationCumul des amortissementsVNC
N20 000 €4 000 €4 000 €16 000 €
N+120 000 €4 000 €8 000 €12 000 €
N+420 000 €4 000 €20 000 €0 €

Intégrer au prévisionnel

Une fois que vous avez calculé les dotations annuelles pour l’ensemble de vos immobilisations, vous pouvez les intégrer dans votre compte de résultat prévisionnel, où elles figureront en charges d’exploitation. N’oubliez pas de les faire apparaître également dans votre bilan prévisionnel, en déduisant chaque année le cumul des amortissements de la valeur d’origine des immobilisations pour obtenir leur VNC.

Il est important de garder à l’esprit que les dotations aux amortissements sont des charges non décaissables. Elles n’ont donc pas d’impact sur votre trésorerie, le décaissement correspondant ayant déjà eu lieu lors de l’acquisition initiale du bien immobilisé.

Autres charges à prévoir

Au-delà des dotations aux amortissements, votre prévisionnel financier doit également intégrer de nombreux autres postes de charges, parmi lesquels :

  • Les achats de marchandises, matières premières et autres approvisionnements
  • Les charges externes (loyers, entretien, publicité, frais de déplacement, etc.)
  • Les rémunérations du personnel
  • Les charges sociales patronales
  • Les charges financières (intérêts d’emprunts, agios, etc.)
  • Les impôts et taxes

N’hésitez pas à être le plus exhaustif possible dans votre estimation de ces différents postes. Plus votre prévisionnel sera précis et réaliste, plus il vous sera utile pour gérer au mieux votre entreprise dans les années à venir.